SIYU en personne

Ce photographe zurichois (1967*) a changé de voie et possède un parcours professionnel, personnel et linguistique très varié. Né au Portugal, ayant grandi en Suisse, ayant terminé sa scolarité en néerlandais et linguistiquement actif également dans la langue des signes,  Niels a travaillé à l'international dans le secteur bancaire en tant que gestionnaire de portefeuille et conseiller aux grands comptes. La rupture est intervenue en 2015 : il travaille aujourd'hui comme photographe indépendant, coach et animateur de cours au Swiss Photo Club.
 
A SIYU, Niels ne se contente pas de donner un aperçu de son travail de photographe avec des personnes handicapées, il parle aussi de ses cours de coaching pour futurs photographes et des thèmes qu'il considère comme importants. Sans dévoiler de secrets : ce n'est pas la photographie.
 
Tu as travaillé dans le secteur bancaire, aujourd'hui tu es photographe, animateur de cours et coach. Qu'est-ce qui t'a poussé à te mettre à ton compte ? La passion pour la photographie et les changements dans la vie professionnelle sont essentiels pour moi. L'être humain est au centre de mes préoccupations - un aspect que je peux exprimer et mettre en œuvre bien mieux que dans mon ancienne activité professionnelle, aussi bien en tant que photographe que coach.

Le métier comme vocation ?  Pour moi, profession et vocation sont indissociables. Ma véritable « vocation », je la trouve dans la photographie. Je continue à me définir comme un amateur, car le mot « amateur » vient d'amator (amoureux) - et j'aime ce que je fais.
 
Ton expérience professionnelle antérieure t'aide-t-elle aujourd'hui ? Absolument, elle me permet d'enseigner non seulement la technique photographique, mais aussi les aspects commerciaux. J'accompagne donc mes protégés non seulement sur le plan artistique, mais aussi sur le plan économique.
 
Quels sont les principaux thèmes abordés dans tes cours de coaching ? Outre les aspects artistiques et techniques de la photographie, l'accent est également mis sur des thèmes économiques - notamment le rôle du photographe en tant qu'entrepreneur. Cela comprend les questions de rémunération et de taux horaire, la comptabilité, les assurances ainsi que le choix de la forme d'entreprise appropriée. Les photographes devraient s'intéresser de plus près à ces sujets.
 
Tu travailles aussi avec des personnes atteintes de trisomie 21, comment la photographie peut-elle les aider ? Il y a beaucoup de photographes qui prennent des photos de personnes qui ne correspondent pas à la norme sociale. Mais si j'apprends à ces personnes à prendre des photos, elles ont la possibilité de nous montrer leur propre perspective sur le monde. Cela ne profite pas seulement à eux, mais aussi à leur entourage. En effet, en apprenant la photographie, l'entourage peut mieux comprendre ce qui motive et touche les personnes handicapées.
 
Ta devise de vie est : « Tous les hommes sont beaux ». Quel est le lien avec ta photographie ? Tout le monde est beau, et je considère qu'il est de mon devoir, en tant que photographe, de montrer cette beauté au monde. Pour moi, l'art de la photographie réside précisément en cela - pas par des filtres ou Photoshop, mais par l'authenticité et le naturel du moment.
 
Tu faisais déjà de la photographie à l'âge de sept ans et tu continues à le faire aujourd'hui. D'où vient cette passion et comment as-tu appris à photographier ? Lorsque j'ai tenu pour la première fois le Kodak Retina II de mon père entre mes mains, j'ai été immédiatement fasciné. Les aspects artistiques et techniques de la photographie ne m'ont plus lâché. Ce qui m'intéressait, c'était de savoir comment notre perception tridimensionnelle pouvait être transposée de manière réaliste et esthétique sur un support bidimensionnel ? Ou comment associer le mouvement au silence et comment rendre les émotions visibles ? J'ai expérimenté et pratiqué pour trouver des réponses - et j'ai ainsi appris le métier par moi-même.
 
Comment la photographie peut-elle accomplir chez les gens ce que d'autres techniques ne peuvent pas faire ? Beaucoup de gens sont influencés par le visuel. La photographie permet de leur montrer leur apparence extérieure - une image qui est souvent très différente de la perception qu'ils ont d'eux-mêmes. On peut ainsi montrer que la beauté ne doit pas être mesurée à l'aune d'idéaux étrangers, parfois inaccessibles.
 
Que signifie pour toi l'adhésion à SIYU ? Pour moi, c'est à la fois un honneur, une distinction et une reconnaissance. C'est aussi l'occasion de rencontrer des collègues, d'échanger des idées et de s'inspirer mutuellement.